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ticulier à leurs autours, l’un et l’autre défenseurs intrépides de la liberté, l’un et l’autre haïs des méchants, l’un et l’autre persécutés, mais à cause du jour qu’ils jettent sur les circonstances actuelles et la marche de la coalition. L’un de ces écrits vous est déjà parvenu, mais il est bon que vous en ayez le double pour édifier les honnêtes gens. Je vous fais passer aussi d’autres numéros du Repbl.[1] ; il se sent du malheur des temps, et n’est pas ce qu’il aurait pu être ; encore ne faut-il pas trop parler de lui, pour ne pas fournir le prétexte d’une accusation ; c’est presque un fruit défendu.

Le brave Robert est décrété ; la persécution est ouverte contre les vigoureux patriotes dont l’existence ou les relations ne sont pas imposantes.

Nous recevons à l’instant votre lettre du 9 ; vous êtes plaisant avec vos couleurs douces, votre calme et votre confiance. Sans doute, il ne faut jamais désespérer, mais il faut toujours veiller ; il n’appartient qu’aux esclaves de dormir sur la foi d’autrui dans un temps de troubles et de factions.

Si vos députés se morfondent en quelque chose, c’est dans leur égoïsme et leur nullité, et dans l’ambition de paraître tout faire en ne voulant prendre la peine de rien. Dieu les bénisse et me préserve de rencontrer jamais, de telles chenilles en mon chemin !

Adieu, unissez-vous au brave Servan[2]. Lisez donc le Patriote et vous y verrez l’état de l’Assemblée, quoique tracé avec ménagements.

J’embrasse Madame et vous souhaite à tous mille bénédictions.

    manquent. Mais il semble bien que ce soient : 1° La Lettre de Petion à ses commettants, dont elle lui a déjà parlé ; 2° La brochure de Brissot, « Réponse de J.-B. Brissot à ses calomniateurs », qui venait précisément de paraître (10 août 1791).

  1. Du Républicain. — Voir note de la lettre du 1er juillet 1791 (2e lettre).
  2. Roland écrivait de son côté, le 3 septembre, à Champagneux (ms. 6241, fol. 122-123) : « …N’oubliez rien pour notre ami Servan. Vous l’avez bien jugé. C’est un excellent patriote, qui a véritablement l’esprit et les talents de la chose. Il a d’ailleurs une énergie très sympathisante avec ceux qui marchent droit au but, dans le sens de la Révolution… »

    Il semble qu’il s’agissait de poser à Lyon la candidature de Servan pour les élections législatives.