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Marseille, commence à se faire présager, et je crois qu’on admettra incessamment à la barre un député chargé du vœu de quatorze villes de l’Auvergne pour les élections, vœu présenté avec des signatures individuelles, et dans toutes les formes de la loi, malgré les difficultés dont on les a hérissées.

Je ne vous parle pas des affaires particulières de votre cité ; notre ami écrit, après avoir couru comme il fait tous les jours[1].

On répand des horreurs contre le digne Brissot ; c’est bien l’écrivain dont on redoute le plus les talents, le courage et le désintéressement ; il y a trois ou quatre folliculaires payés par Montmorin sur la liste civile pour le décrier. Morande a été rappelé de Londres pour cet utile métier, dans lequel il est si bien versé. Vous connaissez la lettre de Petion à ses commettants[2] ? Je ne sais ce que l’avenir nous prépare, mais, sans cesser de croire qu’il faut toujours lutter et ne jamais désespérer du bien, je commence à désirer d’aller habiter la retraite et y oublier, dans les vertus faciles, les troubles qui déchirent la France et les passions des factieux qui veulent en faire leur proie.

Adieu, mille choses tendres à votre aimable compagne.

  1. Lettre autographe de Madame Roland, signée par son mari, au Comité des finances [de Lyon], Paris, 23 juillet 1791, 2 pages 1/2 in-4o. — Il mande qu’il a été décidé que chaque commune payerait ses dettes. Le travail à faire sera long. « On craint une subversion générale, peut-être une guerre civile, peut-être pis que les horreurs qui en sont la suite. » — N° 126 de la vente du 7 novembre 1876, Ét. Charavay ; n° 28169 du Bulletin d’autographe n° 191 de la maison Ét. Charavay.
  2. « Lettre de J. Petion à ses commettants sur les circonstances actuelles [18 juillet 1791], impr du « Patriote français », s.d., in-8o, 11 pages » (Tourneux, 3061.)