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le courage de me traduire d’une manière plus intelligible ; quand une correspondance suivie n’a pas conservé le fil des événements, il faudrait reprendre de bien loin pour donner quelque idée des intrigues régnantes et de tout ce qui peut en résulter.

Notre ami est en course pour voir et presser MM. du Comité qui entendront ce soir un troisième rapport sur l’affaire de votre cité ; il y, aura sans doute aujourd’hui quelque chose d’arrêté. Dupont, le seul avec lequel il ait été possible de conférer d’une manière suivie, de raisonner et de faire agir, Dupont, qui est travailleur et de bonne foi, est excédé des maussaderies du Comité. Quant à moi, je le serais aussi de l’indolence, de l’incurie ou de la perversité des quatre inviolables[1], dont un seul mot à l’Assemblée eût pu accélérer les choses. Mais, à vous parler franchement, je crois que, si nous obtenons quelque chose, ce sera malgré eux ; ils haïssent notre ami, autant que je puis le juger, et ils aimeraient mieux que la chose n’allât pas que de la voir aller par lui. Ils se sont constamment opposés à la demande d’aliénation des immeubles de l’Hôpital, sous prétexte quelle croiserait la grande affaire et lui nuirait de quelque manière[2]. Toutes les considérations possibles, tous les raisonnements imaginables n’ont pu les faire sortir de ce retranchement. Or il y a bien quelque moyen d’aller sans ces Messieurs, mais nullement de réussir contre leur opposition formelle dans les choses particulières au lieu même dont les intérêts sont censés leur être connus et chers.

Vous avez sans doute actuellement les renseignements nécessaires pour vous procurer votre quote-part des trois millions d’indemnités

  1. Les quatre députés du Tiers, de Lyon.
  2. La commune de Lyon demandait à aliéner des immeubles de l’Hôpital général (Wahl, 352-353) et particulièrement des terrains situés au Brotteaux, de l’autre côté du Rhône, pour pourvoir aux besoins immédiats de cette maison. Quant à « la grande affaire », c’était l’objet même de la mission de Roland, à savoir : la nationalisation de tout ou partie de la dette lyonnaise et l’avance immédiate de deux ou trois millions. Roland venait encore d’écrire au président de l’Assemblée nationale, le 19 juillet, pour cet objet (n° 384 de la collection J. Gallois, vendue le 11 juillet 1844 et jours suivants. Charon et Techener experts, lettre de la main de Madame Roland, signée par son mari, 3 pages in-folio).