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LETTRES DE MADAME ROLAND.

même fait la proposition, du reste ; j’en voyais assez. Ç’aurait été les affliger en leur rappelant leur impossibilité. Je ne me suis pas flattée, depuis que je les vois dans cette nouvelle carrière, qu’ils fussent de sitôt près de remplir leurs obligations, et, du moment où je me suis trouvée dans une autre position, j’ai fait de leur dette la mienne. J’ai gardé à dessein le plus grand silence avec toi sur cet objet, parce que j’imaginais bien ce que tu voudrais y répondre, parce que cette affaire ne devait point, à mes yeux, souffrir de discussion, ni par conséquent se traiter par écrit, mais qu’elle devait se terminer entre nous, lorsque nous serions rapprochées. Je ne t’en aurais parlé qu’à cette époque, sans la circonstance qui me donne occasion de m’expliquer. Aussi tu n’as rien à me répondre là-dessus, et, quand je serai à Amiens, je prendrai mes arrangements pour finir entre quatre yeux ce petit compte d’amitié.

Adieu, ma bonne et chère amie, je t’embrasse tendrement, et je suis toujours ta fidèle. Mille choses honnêtes de mon mari à Madame Cannet, à ta sœur, à toi.