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chose pouvait exiger. J’ai quelque raison de croire que la tête de Bonneville[1] ne se trouverait pas bien casée avec la vôtre, ce qui, sans doute, ne vous afflige guère, mais ce qui pourrait bien être cause que la Société ne s’empresserait pas, comme elle pourrait faire, de vous prier d’être son agent ! D’après cette ouverture, je présume que si, quelques jours après la présente, vous n’entendez point parier du Cercle social, c’est qu’il aura jeté ailleurs ses plans. Je ne sais ce que Lanthenas fera de sa lettre qu’il devait joindre au paquet de la Société ; peut-être, au contraire, le joindra-t-il à celle-ci[2].

M. Payne[3] est ici ; il a été question entre nos amis de la traduction de son petit ouvrage contre Burke, mais un secrétaire de La Rochefoucauld l’a déjà commencée. On dit Mme d’Orléans et Mme Lafayette parties ensemble pour la campagne, quittant toutes deux leurs maris ; le développement des pourquoi serait assez piquant, mais ces anecdotes fort importantes dans l’ancien régime n’ont plus qu’un très faible intérêt aujourd’hui ; elles n’en auraient même aucun si la conduite des hommes en place ne touchait toujours de quelque manière à la chose publique.

Je laisse une place à l’ami Bosc. Adieu.

  1. Nicolas de Bonneville (1760-1828), un des adeptes les plus fervents du Martinisme, orateur du Cercle social, imprimeur de la Bouche de fer, etc.
  2. Tout ce projet eut un commencement d’exécution. On trouvera, au ms. 9534, outre la lettre de Lanthenas à Bancal (fol. 250-251), une lettre de Fauchet, « procureur général de la confédération des Amis de la Vérité », du 15 avril 1791, adressé au même Bancal, et la réponse de celui-ci, datée du 26 avril (fol. 197-202).
  3. Thomas Paine (1737-1809), le fameux publiciste anglo-américain, depuis membre de la Convention, venait de publier à Londres son livre des Droits de l’homme (1791), en riposte aux pamphlets de Burke contre la France.

    L’ouvrage fut traduit en français, Paris 1791 (Quérard, France littéraire), par Soulès (est-ce ce secrétaire de M. de Larochefoucauld dont va parler Madame Roland ?). Une seconde partie parut en 1792 et fut traduite par Lanthenas.