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Les Sociétés populaires seront la fédération pacifique des moyens, des intentions et des lumières pour atteindre à ce but[1].

Adieu, jusqu’au plaisir de vous embrasser ; je n’en sais pas encore le moment ; il put être hâté ou retardé selon le cours des affaires, mais il ne saurait être porté au delà de trois semaines.

Lanthenas ajoute au paquet une autre expédition pour les Jacobins ; ainsi vous remettrez encore cette dernière.


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[À BOSC, À PARIS[2].]
7 février [1791], — de Lyon.

On dit que vous faites le rodomont, que vous écrivez de belles choses pour nous vanter les Parisiens avec vous, mais que les effets ne suivent pas. Il est vrai que les armements que vous faites décréter sont bien ridicules[3], tandis que nos gardes nationales demeurent partout sans organisation, sans exercice et sans armes[4]. Il fait beau compter vingt-cinq millions d’hommes, parmi lesquels il n’y en a pas trois cent mille en état de défense ! Et cependant les frontières ennemies se hérissent, les grands despotes et les petits souverains, les fugitifs et les mécontents de l’intérieur se liguent pour nous préparer des scènes sanglantes. Lisez l’adresse imprimée que vous trouverez ci-jointe[5], et apprenez que nous n’avons pas le temps de nous vanter, mais qu’on peut voir nos œuvres.

  1. Voir au Patriote français du 28 février un long article du Lanthenas sur les « Sociétés populaires ou fraternelles ». Elles commençaient à se constituer à Paris. — Cf. Tourneux, II, p. 433-474.
  2. Bosc, IV, 138 ; Dauban, II, 585.
  3. La Société des Jacobins, dans sa séance du 28 janvier (Aulard, II, 41), avait entendu un rapport sur l’organisation de la garde nationale, puis, le 31 janvier, avait publié une adresse où on lit : « À peine avions-nous fait le serment [24 janvier, à propos de l’affaire de La Chapelle] de défendre de tout notre pouvoir les citoyens que de patriotiques dénonciations exposeraient à se voir persécutés, qu’un grand nombre des sections de cette ville s’est empressé d’adhérer à notre démarche et de prendre le même engagement. » (Ibid, 50.).
  4. Le grand décret organique de la garde nationale ne fut rendu par la Constituante que le 29 septembre 1791, à la veille de sa séparation.
  5. Probablement l’Adresse des curés et