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ai envoyé sur les clubs[1]. Les Sociétés populaires auraient dû être provoquées dès le commencement, et surtout les lectures publiques dans des lieux très commodes et très spacieux. Les délibérations de nos assemblées ne donnent que des demi-lumières, créent des prétentions funestes dans les hommes médiocres et font contracter l’habitude de la contrariété et de l’entêtement. Formez une société de lecteurs pour le peuple, ayez un bâtiment convenable et fait exprès, et vous verrez le bien que vous ferez. Nous n’avons point de nouvelles de Bancal ; en avez-vous ? Nous en sommes en peine. Vous lui aurez fait passer ma dernière. Dans les circonstances, je crois réellement qu’il devrait rentrer.

Faites annoncer dans la Chronique[2] le journal ci-joint et faites passer à Parraud les lettres et les deux feuilles pour lui.


De Madame Roland :

Comment ! et vous aussi, vous voudriez vous distraire pour vous consoler ! Est-ce le rôle d’un patriote ! Il faut enflammer votre courage et celui de tous les bons citoyens, il faut réclamer, tonner, effrayer.

Qu’est donc devenue la force de cette opinion publique qui a fait la Déclaration des droits et prévenu tant de choses ? Rendez-lui toute son influence : portez toutes les sociétés des Amis de la Constitution, et Paris tout entier, à demander à l’Assemblée qu’elle ne fasse que la Constitution, qu’elle la fasse actuelle-

    tent d’ailleurs les trois catalogues d’experts ci-dessus et comme le prouve la comparaison avec la lettre précédente (10 janvier).


    2° Préambule et lettre sont non pas du 22 janvier ni du 22 juin 1790, mais du 22 janvier 1791. Bancal, dont Lanthenas réclame le retour, était parti pour l’Angleterre au commencement de novembre 1790 et en revint dans les premiers jours de juin 1791. Aucune des deux dates nous rejetons ne saurait donc convenir. Il suffit d’ailleurs de lire ces deux morceaux à la place que nous leur assignons, entre les lettres qui précèdent et qui suivent, pour voir qu’ils ont été écrits en janvier 1791. Lanthenas a bien pu, par distraction, dans ce premier mois de l’année, mettre 1790 au lieu de 1791. Nous nous expliquons moins que des experts aient lu juin pour janvier.

    3° Le destinataire n’est pas Buzot, que Madame Roland ne connut qu’en avril 1791 ; c’est Bosc, qui, comme d’ordinaire, faisait passer à Bancal les lettres de leurs amis communs. Nous avons dit d’ailleurs que c’est lui qui avait donné la lettre à Barrière.

  1. Brissot ne tarda pas à s’exécuter. — Voir Patriote français des 5, 14 et 28 février 1791.
  2. La Chronique de Paris, alors dirigée par Millin et Noël. Le journal qu’il s’agissait d’y faire annoncer est le « Journal de la Société populaire des Amis de la Constitution, établie à Lyon, rédigé par des écrivains patriotiques deux fois par semaine », Lyon, 1791, in-8o, 16 pages. — Le premier numéro, du 16 janvier 1791, venait de paraître. Le journal ne dura que jusqu’au 10 avril suivant. (Histoire des journaux de Lyon, par Aimé Vingtrinier, Lyon, 1852.)