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ANNÉE 1791.


AVERTISSEMENT.

Les faits qu’il importe de connaître pour se rendre compte de la correspondance de 1791 se réduisent à un petit nombre : Madame Roland avait rejoint son mari à Lyon le 28 décembre 1790. Roland, nommé officier municipal en novembre, devenu, avec le maire Vitet, avec Champagneux, Vingtrinier, Châtier, etc., un des chefs d’une municipalité nettement démocratique, mais nullement révolutionnaire[1], fut bientôt chargé par ses collègues, (1er février 1791) d’aller à Paris, avec Bret, procureur de la commune, demander à l’Assemblée de déclarer nationale la dette de Lyon, montant à plus de 39 millions et contractée sous l’ancien régime, en grande partie pour le compte du Roi et par son ordre. Blot avait déjà eu une mission de ce genre, mais il venait de rentrer sans rapporter de résultat. On pensa que Roland et Bret seraient plus heureux. Il semble d’ailleurs que plusieurs des amis politiques de Roland aient saisi cette occasion de l’éloigner d’un terrain où son ardeur et son inflexibilité pouvaient le rendre embarrassant, surtout en prévision des élections législatives auxquelles plus d’un songeait déjà.

Roland et sa femme arrivèrent à Paris le 20 février 1791 et se logèrent dans un hôtel meublé, l’Hôtel Britannique, rue Guénégaud. Nous avons exposé dans la Révolution française (avril 1899) les raisons qui nous font présumer que l’Hôtel Britannique était dans la maison qui porte aujourd’hui le n° 12. On s’installa au premier étage, dans un bel appartement. C’est là que ne tardèrent pas à se réunir, deux fois par semaine, Brissot et ses amis d’alors, Petion, Buzot, Robespierre, etc., sans parler des amis particuliers des Roland, Bosc et Lanthenas. C’est là aussi que Madame Roland se lia avec une amie de Bosc, Sophie Grandchamp, dont nous avons publié les Souvenirs dans la Révolution française de juillet et août 1899.

  1. Voir Discours prononcé à la Société centrale formée des commissions des Sociétés populaires des Amis de la Constitution, de Lyon, le 2 janvier 1791, par J.-M. Roland. « Il y traçait aux clubs les limites légales de leur action. » (Wahl, 368.)