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Tandis que notre ami attendait ici le moment où la nouvelle municipalté entrerait en exercice, afin de ne commencer qu’avec elle, on conjecturait sur son absence et déjà quelques-uns le mettaient avec les complices.

Ma santé ne [m’a] pas encore permis de le suivre ; j’avais d’ailleurs travaux à finir et affaires à ordonner, car probablement je quitte cette paisible retraite pour quelque temps, sauf les petits voyages que j’y pourrai faire lorsque l’exercice du cheval ne me sera pas interdit. Je vais, ces fêtes, embrasser ma pauvre Eudora et me rendre enfin à Lyon.

Peut-être y aurez-vous écrit ; car il me semble que nous n’avons pas eu de vos nouvelles depuis longtemps, quoique vous nous en eussiez annoncé du voyageur.


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[À BOSC, À PARIS[1].]
20 décembre 1790, — [du Clos].

Faites donc décréter le mode de responsabilité des ministres ; faites donc brider votre pouvoir exécutif ; faites donc organiser les gardes nationales. Cent mille Autrichiens s’assemblent sur vos frontières ; les Belges sont vaincus ; notre argent s’en va, sans qu’on regarde comment ; on paye les princes et les fugitifs qui font, avec nos deniers, fabriquer des armes pour nous subjuguer… Tudieu ! tout Parisiens que vous êtes, vous n’y voyez pas plus loin que votre nez, ou vous manquez de vigueur pour faire marcher votre Assemblée ! Ce ne sont pas nos représentants qui ont fait la Révolution : à part une quinzaine, le reste est au-dessous d’elle ; c’est l’opinion publique, c’est le peuple qui va toujours bien quand cette opinion le dirige avec justesse ; c’est à Paris qu’est le siège

  1. Bosc, IV, 137 ; Dauban, II, 583. — Il semble que cette lettre soit un fragment détaché de la précédente.

    Vers le même moment, Madame Roland écrivait à Brissot : « Des comptes et de la raison ! il n’y a que cela pour ordonner les affaires et pour rendre les peuples heureux. » (Fragment de décembre 1790, cité par Sainte-Beuve dans son Introduction aux Lettres à Bancal, p. xxxi.