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à une inégalité entre les enfants, laquelle a partout et constamment lieu. J’en augure qu’on est bien plus disposé que vous ne nous l’écriviez à suivre toute la rigueur des principes dans le décret qui surviendra. J’ai envoyé à Pétion quelques matériaux pour son discours. Je n’ai eu aucune nouvelle de notre Société : sans doute vous l’avez trouvée dissoute : mais pourquoi ne m’en avez-vous rien écrit ?

On vous parle de lord Stanhope et de sa Société ; c’est certainement, pour un Français, les hommes les plus intéressants à cultiver. Mais une liaison que l’ami Brissot n’aura pas manqué de vous mettre à même de faire, c’est celle de M. Williams[1] qui enseigne publiquement le divorce. Il faudrait faire quelque grande confédération pour travailler, dans quelques années, en même temps en Angleterre et en France, à nous débarrasser absolument des prêtres. Sans cette révolution, la société ne fera point les progrès qui lui sont, avec elle, maintenant faciles. Brissot me presse de retourner à Paris cet hiver, pour défendre les noirs. Je ne tarderai pas à passer au Puy, et je verrai après de régler ma marche. L’indisposition de nos amis et l’indécision des affaires de Lyon m’ont engagé à retarder mon départ.

Je vous embrasse, mon cher, du meilleur cœur.


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[À BOSC, À PARIS[2].]
8 (octobre) décembre 1790, — [du Clos].

Nous avons reçu la pacotille anglaise[3] pour notre docteur, plus docteur que jamais dans ce pays dont il guérit tous les malades, prêchant et appliquant les mains, à la manière du Christ, mais s’embarrassant moins que lui de faire payer le tribut à César.

Effectivement, nos représentants prennent assez le soin d’assurer ou d’augmenter l’impôt, beaucoup plus que de nous éclairer sur l’emploi des fonds. Aussi, toute Parisienne que je sois, je dirai que vous n’êtes que des Myrmidons

  1. David Williams (1738-1816), le célèbre publiciste anglais, que Brissot avait connu à Londres dès 1783, qui vint en France, en 1792, collaborer à l’œuvre de Roland et de ses amis, et qui reçut, le 25 août 1792, le titre de citoyens français.
  2. Cette lettre a été publiée pour la première fois en 1820 par Barrière (I, 350), qui devait la tenir de Bosc. Il l’a datée du 8 octobre 1790. Mais il faut lire décembre. Les élections municipales de Lyon, auxquelles la lettre fait allusion, n’eurent lieu qu’en novembre et décembre 1790, et l’élection du maire n’eut lieu que les 16 et 17 décembre (Wahl, 286-287). — Remarquer aussi les allusions à Bancal, qui n’était pas encore parti pour Londres en octobre, ce qui prouve bien que la lettre n’est pas de ce mois-là.
  3. Des brochures anglaises pour Lanthenas.