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constitution de Clermont pour notre adresse. Si elle écrivait en ce moment à celle de Lyon une lettre bien animée, cela viendrait bien à propos.

J’ai reçu enfin des lettres de M. Viaud[1] et de l’abbé d’Anjou[2]. Le premier est resté à Paris un mois de plus, parce qu’il a vu que, malgré ce que l’abbé Cournan[3] avait promis, s’il partait, tout était dissous. Il a soutenu par sa constance et son zèle les faibles commencements de notre entreprise, et il me donne quelques espérances d’un nouveau choix d’un président, qui sera probablement M. Pestel[4], dont la constance s’est maintenue,

  1. Voir le Patriote français du 14 juillet 1790. On y annonce qu’une réunion se tiendra chez M. Viaud, avocat, rue Haute-feuille, 22, à laquelle sont conviés « les puînés et les fils de famille des pays de droit écrit ». — Ibid, 20 juillet : « La Société des Amis de l’union et de l’égalité dans les familles, dont la première assemblée s’est formée le 16 courant chez Viaud, avocat, s’est ajournée à mercredi 21, dans la salle particulière au Lycée, au couvent des Cordeliers, faubourg Saint-Germain. On y fera une seconde lecture de l’adresse à l’Assemblée nationale, proposée par F. Lanthenas… ». — Viaud faisait partie de la Société des Jacobins (Aulard, Jacobins, t. I, p. lxxxvi). C’est probablement le même personnage que Viaud de Belair (Pierre-Jacques-Calixte), 1759-1827, qui fut en 1793 et 1794 procureur-syndic, puis agent national du district de Châteauneuf (Maine-et-Loire, et qui, après la Révolution, revint s’établir à Paris où il devint « un pilier d’Athénée ». — Voir sur lui Célestin Port. Dict. historique de Maine-et-Loire, et Catalogue Charavay de 1862, p. 219.
  2. Lanthenas écrivait à Bancal, le 16 juin 1790 (ms. 9534, fol. 231-232) : « Un certain abbé Danjou des Molières est ici extrêmement chaud pour les cadets. Je le vois, et nous voulons suivre cette affaire. Le personnage s’appelait, en réalité, Danjou de Cypierre (Jean-Pierre-André), né le 6 mars 1735 à la Tour-D’Aygues (Vaucluse), mort à Paris en 1818. Il appartenait à la congrégation de l’Oratoire. Après avoir fait campagne avec Lanthenas pour « les cadets », il ouvrit, en décembre 1790, des « Assemblées » pour l’instruction civique du peuple », rue Mondétour (Tuetey, t. III, 588) : prit plusieurs fois la parole aux jacobins en 1791 (Aulard, ibid, t. II, p. 219 ; t. III, p. 556, 561), fur membre de la commune révolutionnaire du 10 août, puis commissaire du pouvoir exécutif, puis administrateur de la commune de Paris en 1793 (Aulard, ibid, t. I, p. xliv ; Almanach nat. de 1793, p. 358, 389, 394). Nous le retrouverons plus tard parmi les orateurs des théophilanthropes (Catal. Charavay de 1862, p. 134).

    Voir encore sur lui Beaulieu, t. IV, p. 114, et les Nouvelles politiques des 24 août et 2 octobre 1793.

  3. L’abbé Antoine de Cournand (1747-1814), professeur de littérature française au Collège de France. « Il avait donné dans la Révolution à plein collier, dir la Biographie Rabbe, au point d’y prendre femme et d’y laisser le froc. » — Il faisait partie de la société des jacobins (Aulard, t. I, p. xliii). Il fut membre de la commission administrative qui remplaça le Directoire du département de Paris en septembre 1792.
  4. Pestel, — probablement un compatriote de Bancal, car c’est un nom de Clermont.