Page:Rohan - Les Lucioles, Calmann-Lévy.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.
190
LA NAISSANCE DE L’ARUM.


On en couvrit la belle et son cercueil d’albâtre.
Au royaume glacé du monde sous-marin
On pleura son malheur, et le reflet verdâtre
De ses grands yeux fermés dans l’abîme sans fin.

L’esprit de Damalis semblait chercher la dune,
Et l’éclat du croissant sous les bois diaprés.
Cet enfant de la femme avait froid dans l’eau brune
Et regrettait les champs, le soleil et les prés.

En sa tristesse amère, en plaintes renaissantes,
Le roi de l’onde perse et des rochers battus,
Aux sirènes chantant, aux grottes ruisselantes,
Conta de Damalis la grâce et les vertus.

Voulant l’éterniser pour elle et pour lui-même,
Et lui laisser aussi la blancheur de son col,
Neptune en fît l’arum au cœur d’or que l’on sème
Le pied dans l’eau, la tête au ciel, la feuille au sol !