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LE POISON SOUS L’ONGLE.

il me manque ma bourse et ma crapaudine de cinq cents louis, que vous admiriez tant, madame la marquise… J’ai rencontré un voleur…

— Un voleur ! s’écria Mme  de Langey.

— Un voleur ! affirma M. Gachard en roulant des yeux inquiets autour de lui.

— Allons, dit M. de Rohan en riant d’un air superbe sur le sopha, vous allez sans doute, monsieur Gachard, nous raconter une histoire à la façon de M. de Voltaire… En fait de contes de voleurs, vous ne pouvez avoir oublié le sien ? monsieur ! le financier : « Il était une fois un fermier général, etc. »

— Oui, je sais, je sais, répondit M. Gachard ; très-piqué de la citation… mais mon voleur, monsieur le prince, n’est point un conte… je l’ai vu en chair et en os… là… comme je vous vois…

— Merci !

— Et puisque vous êtes chargé de veiller ici la tranquillité de l’Ouest, poursuivit M. Gachard, je dois vous dire que ce gaillard-là, au rebours des brigands ordinaires, est peu grand de taille, le visage pâle, la chevelure et la barbe fort abondantes… Je le crois de la partie espagnole…

— C’est le signalement de mon homme, dit en se penchant vers la marquise M. de Rohan. Voyez plutôt…

— Madame la marquise est servie ! interrompit d’un air triomphant le maître d’hôtel, son chapeau bordé de plumes à la main.

Mme  de Langey, après avoir jeté un coup d’œil rapide sur le papier que lui présentait de nouveau