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NOËMI

maître, continua-t-il en s’adressant à Platon, voici votre lot.

Le jeune mulâtre tira de son sein un charmant crabier des mangles.

Le gérant courut à l’oiseau, le flaira comme tout bon naturaliste doit le faire ; il n’avait jamais rien vu de plus élégant. Le crabier offrait à l’œil le manteau le plus richement nuancé : le devant de sa cravate d’un blanc parfait, ses parties latérales d’un fauve ondulé, ses grandes pennes noires et ses pieds d’un jaune verdâtre, transportèrent de joie M. Platon, qui n’ignorait pas qu’on ne rencontrait cet oiseau qu’au milieu des palétuviers et dans les endroits les plus déserts. L’oiseau trouva dans Finette une admiratrice non moins grande.

— Il faut, dit Joseph, que tu aies bien fait courir M. le procureur de l’habitation de Breda pour me rapporter un pareil cadeau.

— Vous dites vrai, monsieur Platon, répondit le procureur de Breda, c’était par ma foi dans un lieu où l’on n’apercevait que le ciel, l’eau et les arbres. Votre élève vous fait honneur.

— Tu as du sang, cher Georges, interrompit Noëmi. D’où vient ce sang ?

L’enfant recula sa main.

— Mon Dieu ! s’écria-t-elle, il aura voulu écarter de son chemin quelque épine, ou bien serait-ce le bec d’une tortue de l’Ester ? Et tout aussitôt Noëmi se hâta de sucer le sang et d’appliquer quelques herbes sur sa blessure…

— Vous n’y êtes pas, mère négresse, reprit le pro-