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LE CHEVALIER DE SAINT GEORGES.

Au même instant, plusieurs voitures, entre lesquelles ont pouvait distinguer celle du contrôleur général des finances, M. de Boullogne, tournèrent le flanc de la grande allée…

Le duc d’Orléans, malgré son embonpoint, était revêtu de l’uniforme de ses chasses, dont les agrafes le gênaient beaucoup en raison de la chaleur ; il donnait le bras à M. le comte de Vaudreuil, possesseur lui-même de Gennevilliers, propriété pittoresque renfermant de fort beaux cantons de chasse. Mmes de Blot, de Coigny et de Genlis suivaient avec des ombrelles, qui envoyaient à leur visage de fraîches découpures.

— Te voilà, Saint-Georges, dit le duc ; sais-tu où est Leleu (c’était le maître d’hôtel) ? — J’espère qu’il y a du vin à la glace et du Lunel empaillé. Dis aux piqueurs de boire un coup et de ne plus m’étourdir de leur fanfare… Tu nous as précédé à cheval, je sais cela. Vaudreuil, vous l’avez vu avec son heiduque, n’est-ce pas ?

Le salon était déjà rempli de monde lorsque Saint-Georges y entra. Il y avait là de charmantes amazones, n’attendant que le signal de la chasse et demandant à courir déjà les routes boisées de Sénart. Leurs jokeis, attentifs et taciturnes, promenaient en dehors sur la pelouse leurs chevaux, envoyés de la veille à Sainte-Assise. Parmi les hommes, le chevalier ne tarda pas à reconnaître M. de Ségur, M. de Bonnard, M. de Durfort ; les uns se récriant déjà sur la vue de cette délicieuse habitation, d’autres admirant les divers albums, les dessins et les tapisseries