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LE CHEVALIER DE SAINT GEORGES.

— Tu n’en feras pas ; j’ai quelqu’un.

— Et… pour les dames ?

— Tu leur porteras mes lettres en heiduque, c’est la mode.

— Monsieur le chevalier, je me déclare votre féal et respectueux heiduque, dit Platon en mettant un genou en terre Ah ! j’oubliais. Ce sabre peut-il me servir en cas d’attaque ?

— Je ne pense pas, car la lame en est de bois : c’est une ordonnance de M. Le Noir… Oui, depuis que l’heiduque du comte d’Argenteau a passé son sabre, à Longchamps, à travers le corps d’un arlequin… En cas d’attaque, tu peux t’en reposer sur mon épée.

— Comme sur Dieu même, monsieur le chevalier. Il me tarde de vous accompagner à cheval ; vous y êtes si beau ! Allez, c’est bien vrai le proverbe qui dit : « Monté comme un Saint-Georges ! »

L’effusion de Joseph Platon donna au chevalier un quart d’heure de gaîté bouffonne dont il augura bien pour l’avenir. Affublé de cette grande robe qui le faisait ressembler à feu Mahomet, l’heiduque de nouvelle date porta ses pas vers l’antichambre, où il ne trouva aucun domestique… Cette singularité l’ayant frappé, il se dirigeait vers la petite porte vitrée d’un des cabinets attenant à cette pièce et se disposait même à en tourner la clé, quand il vit Saint-Georges marcher doucement à lui en élevant son doigt à ses lèvres :

Elle dort, dit-il à Joseph Platon.

 
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