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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

sionna un jour une belle querelle avec le chevalier de Bonnard, alors précepteur du duc de Valois (à cette heure Louis-Philippe).

— La pièce fût-elle de vous, monsieur Bonnard, dit-il grossièrement au chevalier, dont la seule présence du duc d’Orléans sur son théâtre put contenir la fureur, elle ne perdra rien pour attendre, la pièce !

— Je sors de l’artillerie, répondit Bonnard (qui avait en effet servi dans ce corps), et, je le déclare, je n’ai jamais vu de pièce si lourde que vous !

C’était le même M. d’Osmond qui disait des tendrons de veau et se croyait mystifié dans le personnage de Cocatrix, tragédie amphigouristique de Collé.

M. de Brancas était un de ces vieux seigneurs qui ont bien vécu, et malheureusement vécu en poste, comme dit Ravanne, le page du régent. C’était lui que le duc d’Orléans forçait de mettre un bonnet de coton pour le faire promener dans ses cuisines, où il discutait lui-même, on le sait, les plats en vrai cordon-bleu. M. de Brancas n’osait trop le contredire ; il se rejetait sur les axiomes de Rotisset, maître d’hôtel du maréchal de Saxe. Ce Rotisset avait publié un livre orné de cette épigraphe contre le corps antique et respecté des cuisinières :

« En fait de cuisinières, je n’ai jamais estimé que celles de fer-blanc. »

M. de Brancas avait de belles manières, on lui disait de l’esprit. Il ne quittait guère la société de