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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

qui avez fait connaître le premier en France ses symphonies !

Le chevalier de la Morlière peut nier ma science musicale tant qu’il me plaira ; mais il ne niera pas que je ne l’aie boutonné dix fois, il y a huit jours, devant M. le comte Dolcy, à la salle d’armes. Depuis mon aventure du boisseau de fleurets avec lui…

— Ah ! contez-moi cela, chevalier, s’écria M. de Vannes en se rapprochant cauteleusement de la cheminée ; où était la pile de louis, je le hais à mort ; n’ose-t-il pas insinuer que je triche au jeu ? Je lui ai fait dire qu’un lieutenant de dragons, réintégré comme moi dans son corps depuis deux ans, ne trichait pas du moins à l’espadon, et je l’attends… Mais contez-moi le fait, j’en profiterai en temps et lieu…

— Le carrosse de Mme la marquise de Montesson est dans la cour ! annonça Jasmin du pas de la porte, qu’il entr’ouvrit. Ces dames attendent monsieur le chevalier.

— Allons ! me voilà donc obligé de renoncer à l’histoire du boisseau de fleurets ! dit M. de Vannes avec un air de regret affecté.

Il prit son casque, qu’il avait posé sur la cheminée ; ce mouvement fit rouler à terre quelques pièces d’or. M. de Vannes se baissa officieusement…

— Ramasse ces pièces, Jasmin. Capitaine, ne vous courbez donc pas. Il y a là cent louis. Encore une fois, mon cher de Vannes, vous m’excusez, mais je suis avec des dames. Puisque vous allez aux courses et que vous êtes curieux de parier, pariez pour Corner, à M. le comte d’Artois.