ment, et il la voyait pâle, émue, aspirant les parfums sonores qu’exhalait cette symphonie d’Haydn…
Elle regardait le chevalier avec une expression céleste de félicité…
Alors seulement Maurice de Langey se prit à penser qu’Agathe ne l’aimait peut-être pas ; que, puisqu’elle s’était cachée de lui pour se rendre à ce bal de l’Opéra, c’était un autre que lui qu’elle avait eu dessein d’y chercher. La vue de ce mulâtre ralluma toute sa rage… N’osait-il pas lui rendre tout chemin maussade ? ne montait-il pas sur le théâtre où Maurice allait monter ? Maurice avait joué récemment devant Agathe un air de Corelli ; ce morceau était difficile ; il l’avait étudié. Admis à faire de la musique avec la reine, il l’avait exécuté à Versailles aux applaudissemens de Marie-Antoinette, qui était fort difficile.
Le chevalier venait de descendre de son piédestal ; la place était vide. Agathe demeurait encore éblouie…
Soudain Maurice la quitta, et il s’élança sur le théâtre… Il prit le violon de Saint-Georges, un magnifique Amati.
Il se fit un grand silence. C’était un défi tacite que Maurice portait à Saint-Georges tout le monde frémit pour l’imprudent.
Maurice de Langey exécuta la sonate ; il regarda fixement Agathe tout le temps de ce morceau… Ce regard ne put échapper au chevalier, qui, avant la fin de l’air, demanda à l’un des laquais de service de lui apporter son fouet…
— Et qu’en veux-tu faire ? lui demanda le duc de