Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges, v3, 1840.djvu/163

Cette page a été validée par deux contributeurs.
155
LA PETITE MAISON D’UN FINANCIER

— Et pour M. de Guerchy, ajouta de Vannes, il est d’un souper chez M. le comte d’Artois.

— En ce qui regarde Saint-Georges, s’écria le duc de Chartres, je sais où il est, messieurs ; mais c’est un secret que vous trahiriez, et je ne veux pas me faire un ennemi de mon capitaine des chasses…

— Où donc soupe-t-il ? s’écrièrent à la fois MM. de Genlis, de Durfort et de Vannes.

— Parbleu ! il ne soupe pas, il jeûne… La marquise de Montesson le tient cette nuit même sous clé à Sainte-Assise… Oui… pour qu’il ne batte pas loin d’elle les broussailles de l’Opéra ! Je le sais de bonne source, j’ai dîné à Sainte-Assise avec eux…

— Voilà qui est indigne ! s’écria Mlle Guimard.

— Épouvantable ! reprit en fausset Mlle Vernier.

— Inique ! murmura la Fel ; M. de Saint-Georges est si aimable !

— Vous vous passerez de tous ces zéphyrs, mes déesses ; ce masque qui a pris leurs couleurs ne peut être l’un d’eux, je vous le promets. Il m’a d’ailleurs répondu avec trop de franchise et d’assurance pour que nous ne respections pas son incognito… Quoi qu’il en puisse être, messieurs, ne songeons qu’à nous divertir. Nous saurons demain le nom de notre mystérieux convive. Pour l’instant, il nous permet de jouir des traits de sa belle… C’est magnanime… N’est-ce pas, Genlis ?

— Monseigneur, interrompit Gachard, ne goûte peut-être, pas ce vin de Chypre ? Il est de la commanderie… M. le duc d’Orléans l’estime assez.

— Si monseigneur veut me faire l’honneur de ve-