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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES

mons familiers de son enfer. Pour l’Olympe féminin, c’est l’abbé Beaudan[1] qui s’en est chargé… il arrive en fiacre ! c’est humble pour des déesses…

— Nous jouons gros jeu, chevalier, reprit M. de Genlis.

— On voit, mon cher comte, que vous êtes bien en cour : vous n’avez plus la moindre imagination… Moi qui, grâce à mes ennemis, ne suis que lieutenant de dragons… et qui brûle d’avancer !

— Plaignez-vous ! M. le duc de Chartres vous a pris en affection depuis peu… On vous accorde aussi une maîtresse superbe… la marquise de Langey !

— Elle a quelques bontés pour moi, fit de Vannes en jouant la modestie ; mais je vous jure par Dieu que je n’en suis pas jaloux. Cela est bourgeois, cher comte, du dernier bourgeois. Voyez plutôt vous avec votre femme !

— Je crois, chevalier, que nous ne sommes pas loin de l’arche Marion. Voyez donc de quel train va le cocher !

— En effet, cher comte, voici la petite maison du Gachard, rue Béthisy.

Ils arrivaient alors devant une porte assez haute dont le renfoncement produisait dans la rue une ombre épaisse. Deux vieux murs décrépits, bordés de piquans en fer, isolaient cet hôtel des autres maisons, pour la plupart misérables et renfrognées : vous eussiez dit qu’elles en avaient peur.

  1. Le même qui obtint ensuite du duc de Chartres l’entreprise des boutiques du Palais-Royal.