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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

dit de douces choses. Aujourd’hui je ne la vois plus !

Saint-Georges poussa la porte et prit un petit carton dans une des armoires de l’antichambre.

— Voici quelques objets de toilette qui vous feront plaisir, je l’espère du moins, Noëmi. Lorsque vous irez le dimanche à Saint-Roch, je veux que vous les mettiez. Je vous verrai ici vous habiller devant ce miroir ; ici… entendez-vous ?

— Bien vrai ? Ces parures me deviendront donc précieuses ? Dieu ! les belles dentelles ! que j’en serai fière !

— Platon, j’aime à le croire, a grand soin de vous, ma mère. Il vous a laissé les clés de l’office pendant mon absence ?

— C’est vrai ; mais vous n’étiez pas là, je n’ai rien mangé. Je ne suis heureuse que lorsque je vous touche et que je vous vois. N’ayez pas peur, allez, Platon ne m’a pas encore reconnue, moi, je suis si changée ! Votre fuite cruelle m’a fait tant de mal ! — Il me croit votre servante, continua Noëmi, ne la suis-je pas ?

Saint-Georges baissa les yeux.

— Voilà deux ans, reprit-elle, que je loge sous le même toit que mon fils. Répondez, Saint-Georges, ai-je trahi votre secret, ai-je osé dire que j’étaîs de Saint-Domingue et que vous étiez mon fils ? Cependant, Saint-Georges, vous n’avez peut-être pas tant à rougir de votre mère… Peut-être n’est-il pas loin ce jour où vous me redirez ce nom sacré à genoux !