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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

sait, hélas ! qu’à une seule chose, à Agathe. De sorte que ce mot de mariage jeté en l’air par M. de Boullogne fut un coup de foudre qui eut le pouvoir de le tirer de sa rêverie. Il crut l’instant propice pour risquer l’aveu de son amour ; il parla au contrôleur général de Mlle Agathe de La Haye, il lui détailla l’histoire de la belle fille en peu de mots ; lui raconta ce procès qu’il lui serait peut-être facile d’appuyer de son crédit, il parla avec tant d’ingénuité de cet amour que M. de Boullogne se sentit touché. Cet attendrissement dura peu, la raison lui représentant ce mariage comme une folie : une fille de Saint-Malo, une fille sans fortune épouser M. le marquis de Langey !

L’opinion de M. de Boullogne était formée ; il condamna cet amour, malgré sa condescendance habituelle pour Maurice.

Le jeune homme fut écrasé. Il se repentit d’avoir épanché son âme dans celle d’un confident qu’il n’accusa que trop tôt de ne pas le comprendre. Cette fleur de poésie, ne devait-il pas la mettre sous verre, la cacher à tous les yeux ? Son parfum paisible pourrait-il être compris d’un autre que de lui ? devait-il traduire à d’autres les palpitations de son âme, ses désirs, ses espérances ? Il maudit les exigences de ce rang, auquel jusqu’alors il n’avait jamais songé.

Cependant M. de Boullogne le pressa tant qu’il promit…… Sous le poids de cette concession, le jeune marquis se résigna donc à tout ce qui pourrait advenir de la double sollicitation de M. de Boullogne et de sa mère. À la vue de ces convives brillans, ses idées toute-