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Tout cela est encore, et tout simplement, de la vie — de la vie transposée, si on veut. C’est pourquoi Puvis de Chavannes, venu chronologiquement entre les réalistes et les symbolistes, a pu les rallier en même temps ; les réalistes disant : « Il n’y a qu’à copier la Nature » et les symbolistes proclamant : « La Nature n’existe pas ».

Lui, autant que Courbet ou Manet, s’acharna après la forme stricte, la vérité du modèle ; mais, d’autre part, en occupant seulement les êtres à de nobles travaux, en ne les plaçant qu’en des contrées florissantes, il se rapprocha des symbolistes qui s’en tiennent à des attitudes de légende ou de beauté. Ainsi il demeure un peintre de nature en même temps qu’un peintre d’idéal — ce qui n’est pas la même chose qu’être le peintre de l’Idéalisme, comme on a dit de lui, en confondant les termes. L’idéalisme, au contraire, est une convention académique, avec des théories du Beau et des gestes enseignés. M. Puvis de Chavannes ne s’inquiéta que des gestes humains et conçut le Beau à sa façon, c’est-à-dire sans archéologie surtout, ce qui est bien aussi une tradition officielle. Il retourna à la Nature tout uniment, et trouva, du coup, la simplicité populaire, celle de la Chanson de Geste, celle qui tient à la race. Car celui en qui on voulut voir un descendant des maîtres d’Italie, est un artiste de souche très nationale et qui se rat-