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moins des portraits qu’il trace, que des chants de joie, de triomphe et d’amour. Oui ! il aime, il le dit, il le crie, avec des troubles et des frissons, des mots comme des baisers, des phrases qui s’agenouillent. « Du journalisme » disent les sots. Mais M. Octave Mirbeau ne fait pas des articles ; il n’a jamais écrit un seul article de sa vie… Ces pages courtes, qui disent ses amours et ses haines, n’est-ce pas comme la correspondance de ce don Juan de l’Idéal, trop-plein d’une âme, expansion d’une heure, confidences sur le papier, extases changeantes et que lui-même bientôt dédaigne, lettres frémissantes de la passion d’une heure et qu’il garde au fond d’un tiroir — sans même daigner les publier. Est-ce qu’on publie jamais ses lettres d’amour, puisque leur encre, vite pâlie, semble vouloir d’elle-même retourner au néant ?

Dans ses romans aussi, M. Octave Mirbeau apparaît la même âme, assoiffée d’absolu. Il va à ceux qui souffrent le plus.

Il y a dans un de ses romans un personnage bien curieux, une création bien étonnante, c’est ce Père Pamphile des Rédemptoristes, exilé volontaire parmi la solitude et des ruines, qui veut rétablir son Ordre fondé jadis pour déli-