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il ne manque point une occasion de s’en saisir, soit qu’il les trouve directement dans Épictète, soit qu’il puisse les glisser dans sa traduction sans fausser le sens. C’est le corbeau qui fait un croassement de mauvais augure (si corvus adversum crocitabit)[1], l’imagination qui vous saisit (ab imaginatione videlicet correptus)[2], le poste que Dieu nous a confié et où il faut que nous restions (tanquam sis a Deo in hac acie collocatus) (3), mais où, si nous faiblissons (si vero iis terga dederis) (4), nous serons doublement exposés à des quolibets (duplici irrisione afficieris) (5). C’est aussi le philosophe de fraîche date, que l’on accuse d’apparaître tout à coup (repente… philosophus emersit) (6), et qui est déchu de son rang dès qu’il se tourne vers les choses extérieures (scito te de statu decidisse) (7). Et l’on pourrait reprendre encore tout ce chapitre où Politien parle des jeux olympiques et où il suit pas à pas Épictète, dans tous les détails concrets qui expliquent ce qu’il est nécessaire de faire pour être vainqueur[3]. « Bene sese instituere, necessariis vesci, abstinere condimentis, exerceri ad necessitatem, ad praescriptam horam, in sestu, in frigore, frigidam non bibere, non vinum, etc. »

Mais résumons ces remarques ce qui fait surtout le mérite de cette traduction, c’est, semble-t-il, que l’auteur y a fait revivre Épictète lui-même, car il rend à merveille ce tour vif qui devait être celui de sa parole, cette langue imagée qui lui permettait de vulgariser Sa doctrine, et aussi cette phrase courte, hachée parfois, qui donnait au précepte la force d’une loi, d’un véritable commandement.



(3) Ibid., cap. XXVII.

(4) Ibid., cap. XXVII.

(5) Ibid., cap. XXVII.

(6) Ibid., cap. XXVII.

(7) Ibid., cap. XXVIII.

(8)

    aquatum, incidit, ut cochleas in itinere, aut bulbulos colligas, animum tamen ad naviginem intentium habere convenit, et sæpe respicere, an gubernator vocet ; et, si vocet, omnia illa objicere, ne vinctus eo conjiciaris instar pecudum, etc. »

  1. Version cit., cap. xxiii.
  2. Ibid., cap. xxv.
  3. Ibid., cap. xxxiv.