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quaedam judicanda, præcipua vero cura ei impendenda, quod corpore utitur[1]. »

Dans les deux passages qu’il emprunte directement au Commentaire, Politien se laisse guider par des préoccupations de philosophe. On dirait qu’il tient à dégager l’idée dominante du néoplatonicien Simplicius sur les rapports de l’âme et du corps, le corps étant toujours considéré comme l’instrument de l’âme et n’ayant dans la vie morale qu’un rôle tout à fait secondaire.

Si par ses emprunts au Commentaire de Simplicius, et par les deux lettres célèbres qu’il adressa, l’une à Laurent de Médicis, l’autre à Bartolommeo Scala, Politien a montré dans quel esprit il entreprit la traduction du Manuel, il nous reste encore à étudier comment il y réussit. C’est dans la traduction même du Manuel, par la division qu’il fait des chapitres, par les titres fort significatifs qu’il y ajoute, que Politien a essayé de marquer en quelque sorte l’ordre logique qui relie entre elles toutes les parties de ce petit traité et d’en dégager l’esprit à sa manière.

Lorsque Politien avait écrit dans sa lettre à Laurent de Médicis que les préceptes d’Épictète étaient disposés dans un ordre admirable et qu’ils tendaient tous vers un centre unique, ce n’était point un jugement superficiel qu’il formulait, mais il exprimait le résultat pratique de ses propres expériences. En effet, par la manière dont il coupe certains passages, ou dont, au contraire, il en groupe certains autres, on sent qu’il est surtout attentif à l’enchaînement des idées[2].

Le Manuel apparaît à travers sa traduction divisé en trois parties[3]. Dans la première, il serait question de la grande division entre les choses qui dépendent de nous et celles qui n’en

  1. Cf. Édition Wolf (Bâle 1563).
  2. Le chapitre I du texte définitif est divisé par Politien en quatre chapitres, le chapitre V en deux, également le chapitre XIII, etc. ; au contraire le chapitre XXXIII de Politien comprend le chapitre XXVIII et une partie du chapitre XXIX du texte définitif, etc.
  3. La traduction de Politien comprend soixante-huit chapitres la première partie irait jusqu’au chapitre XXVII, la deuxième jusqu’au chapitre XXXV, et la dernière, la plus importante, jusqu’à la fin du Manuel.