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l’intention ? Ainsi adviendra il que nous recevions les imaginatives appréhensions des autres, et que nous ne discordions de leurs opinions.

Chapitre LVI.
Il ne se faut amuser à bien dire, mais à bien faire.

Ne di pas partout que tu es philosophe, et ne dispute beaucoup des préceptes et règles parmi le vulgaire, mais pratique plus tost. Pour exemple, ne di pas en un banquet comme il faut manger, mais mange comme il faut, et te souvienne qu’ainsi de toutes parts Socrate s’estoit dépouillé de l’ostentation. Il venoit des philosophes vers luy qui vouloient estre en sa compagnie pour curiosité qu’ils avoient de l’ouir et deviser. Mais il les repoussoit. Et ainsi faloit il qu’il endurast estre mesprisé. Si donc il se met en avant quelque propos des préceptes, tay toy le plus souvent. Car il y auroit grand danger que tu ne vomisses sur le champ ce que tu n’aurois encore bien digéré. Et si quelcun te dit que tu ne sçais rien, si tu te sens piqué, pense que tu commances à philosopher. Fay comme les brebis qui ne monstrent pas au pasteur combien elles ont mangé d’herbes en les vomissant. Mais quand elles ont digéré la pasture elles lui rendent force lait et laine. Ainsi ne fait pas monstre parmi les rustiques des règles de philosophie, mais monstre les effaits des préceptes bien digérés.

Chapitre LVII.
Contre les hypocrites. De ne vouloir estre estimé sobre.

Si tu as le corps attenué d’abstinence, ne te flate pas toymesme pour cela, et si tu ne bois-que de l’eau, ne di pas