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harengueur, et tantost philosophe. Mais en tout ton esprit tu ne seras pourtant rien, fors un vray singe, imitant tout ce que tu verras, et approuvant ores une chose, ores l’autre, et changeras plus souvent d’opinion que de chemise. La raison est que tu n’as pas fait ton entreprise avec consideration ni inquisition, mais temerairement, et d’une fort legere convoitise. Tels hommes sont ceus là qui ayans veu un Philosophe, ou oyans que Socrate triomphe de bien dire (et qui est-ce qui saurait parler comme luy ?), veulent tout incontinent philosopher.

Chapitre XXVII.
De n’entreprendre rien par dessus sa portée, et d’estre constant en sa vocation.

Ô homme, considere premierement quelle est la chose, puis examine ta complexion, si tu peus porter la peine. Veus tu estre luiteur ou Pentathle, regarde tes bras, tes cuisses, et tes reins. Car quelques choses sont naturelle-ment propres à quelques uns. Penses tu que voulant estudier à cela, tu puisses manger de mesme que font ceus qui sont de cet art, boire de mesme, travailler de mesme, et vivre avec autant de malcontentement ? Il faut veiller, il faut travailler, se retirer de ses biens, estre mesprisé des enfans, et avoir moins d’avantage en toutes choses que les autres, en l’honneur, aus Estats, en justice, et en tout affaire. Cela te di je, considere bien, et si tu veus perdre pour cela le repos et tranquilité de ton esprit, et ta liberté ? Si tu ne veus faire cet eschange, outre tous ces maux là, tu ressembleras aus enfans, et seras tantost philosophe, tantost peager, et puis orateur, ou maistre d’hostel de