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quelcun, tu n’as point aussi donné ce pourquoy le souper se vend le maistre le vend pour recevoir louange et service. Baille donc ce qu’il couste, si c’est ton profit d’en estre. Mais si tu veus recevoir la marchandise sans donner le pris, tu es encore un coup insatiable et fort lourd. Et quoy ? n’as-tu rien en recompense du souper ? Tu as cet avantage que tu n’as point flaté celuy que tu ne veus point flater, et n’as point enduré les insolences qui se font à sa porte.

Chapitre XXIV.
Il faut prendre mesme opinion de nos affaires que nous faisons de celles d’autruy.

La volonté reglée à la nature se peut estimer et considerer les choses dont nous ne nous ennuions point. Comme quand le valet de ton voysin a rompu un verre, tu dis promptement que cela arrive souvent. Saches donc qu’il faut que tu te portes, quand on casse le tien, comme quand on brise celuy d’autruy. Passe aus plus grandes choses. Le fils d’un autre meurt ou sa femme, il n’y a personne qui ne die cela estre du naturel de l’homme. Mais quand on a perdu son propre fils on s’escrie soudain : Ô que je suis misérable ! Or il se faloit resouvenir comment nous nous estions portés ayans entendu un pareil accident avenu à d’autres.

Chapitre XXV.
Qu’il ne faut rien entreprendre, sans penser à la consequence.

Comme on ne met pas un blanc contre une bute pour n’y viser ou fraper point, ainsi la nature du mal ne se