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que la mauvaiseté soit mauvaiseté, mais quelque autre chose. Mais si tu ne veus point faillir à ce à quoy ton appetit te convie, tu peus bien cela pratique donc ce que tu peus. Celuy là est seigneur de chasque chose qui a la puissance d’oster ou donner ce qu’il lui plaist, soit qu’on le vueille maintenir, soit qu’on le vueille perdre. Celuy donc qui veut estre libre ne doit rien vouloir ne fuir de ce qui est à autruy, autrement il est nécessaire qu’il soit serf.

Chapitre XIII.
La preuve du precedent par un exemple.

Apren qu’il te faut gouverner comme l’on fait en un banquet, auquel si quelque viande est mise pres de toy, estens modestement la main pour en prendre. Si la viande passe, ne la retien pas. Si elle n’est pas parvenue jusques à toy, n’estens pas ta gourmandise si loing, mais ayes patience qu’elle soit plus pres. Use de cette mesme façon vers tes enfans, vers ta femme, vers les estats, vers les richesses, et tu te rendras digne quelque fois de la table des Dieus. Mais si tu estois si sobre que de ne prendre point cela mesme qui te seroit presenté, et le mespriser, en ce cas tu ne seras pas seulement compagnon de la table des Dieus, mais de leur Empire. Et pour cette mesme raison Diogene et Heraclite et leurs semblables estoient vraiement divins, et tenus pour tels.

Chapitre XIV.
Ce ne sont pas les infortunes qui tourmentent, mais les opinions comme au
chapitre V.

Quand tu verras quelcun plorer et se douloir pour l’absence de son fils, ou pource qu’il aura despendu tout