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nature de ce qui est en ta puissance, tu ne tomberas en aucune chose que tu fuyes. Mais si tu fuis la maladie, ou la mort, ou la povreté, tu seras infortuné. Tu ne dois donc fuir les choses qui ne sont pas en nostre main, mais tu dois transporter ta crainte en celles qui ne sont du naturel de ce qui est en nostre pouvoir. Et quant au desir violent, il le faut du tout laisser, car si tu souhaites ce qui n’est pas en toi, tu te fais malheureus, et tu ne peus prestement resoudre s’il t’est honeste désirer ce qui est en ta puissance. Use donc du desir violent tout doucement et pesamment, et ainsi que par compte et mesure.

Chapitre III.
En quelle part nous devons prendre nos pertes.

N’oublie pas de prendre garde en toutes les choses qui te seront aggreables, profitables ou cheres, quelles elles sont, commançant par les moindres. Comme si tu aimes un pot de terre pense que c’est un pot de terre, car s’il se casse, tu ne t’en ennuieras point. Si tu aimes ton enfant, ou ta femme, pense que tu aimes un homme mortel, et quand l’un ou l’autre mourra, tu ne seras point troublé.

Chapitre IV.
Quelles considerations nous devons emploier en nos entreprises.

Quand tu es prest d’entreprendre quelque chose, considere quelle elle est. Si tu te vas baigner, mets toi devant les yeux tout ce qui se fait aus estuves par ceus qui jettent de l’eau à leur compagnon, par ceus qui s’entre poussent, qui s’entre injurient, et ceus qui derobent, et ainsi tu