Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/91

Cette page n’a pas encore été corrigée

respectables, quoique peut-être cette voie, avec de tels brigands, n’offre qu’un espoir équivoque ; mais la marche des fonctionnaires publics dans cette circonstance doit se régler par d’autres principes et sur le sentiment de la sécurité générale. Leur devoir est de poursuivre les brigands à outrance[1] » (7 vendémiaire).

Le Général Liébert offrait, par ses qualités aussi bien que par ses défauts, un complet contraste avec le Préfet. Ce n’était ni un politique, ni un diplomate. C’était un soldat, plein de droiture, animé des intentions les meilleures, mais d’une ouverture et d’une souplesse d’esprit inférieures à son bon vouloir. Il était capable de toutes les imprudences, y compris celle de voir vrai et de dire ce qu’il voyait, à l’heure où d’autres, plus haut placés, avaient intérêt à ce que la vérité restât cachée. Le Préfet inclinait vers la prudence et la composition ; il était, lui, pour les moyens violents, et rebelle à toute compromission. Avec cela, entêté de ses idées, jaloux de son autorité, et porté à agir parallèlement plutôt que conjointement aux fonctionnaires de l’ordre civil, auxquels il lui pesait d’être subordonné. De plus, l’état de sa santé ne lui permettait pas de suivre personnellement

  1. Durant cette première phase de l’affaire, Fouché, quoi qu’on en ait dit, ne prêcha pas ouvertement la composition avec les brigands.
    Le Journal des Débats (16 vendémiaire) ayant insinué que les membres du Sénat conservateur s’étaient cotisés pour fournir la rançon de leur collègue, reçut du Ministre cette note, insérée le 19 : « Il est faux que le Sénat ait envoyé à Mme  Clément de Ris la somme exigée par les brigands qui ont enlevé son mari. Une mère, une épouse peuvent et doivent tout faire en pareil cas. Mais jamais une autorité constituée ne doit descendre à une pareille composition. »