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second cheval, que monte le second piéton. Dès lors, libres de leur allure, ils détalent à grand train, quittent les chemins de traverse et rejoignent la route qui, par Larçay, Véretz, Azay-sur-Cher, longe la rivière dans la direction de Bléré.

On traverse Véretz au galop. Mais, si vites que soient les chevaux, le maire, du seuil de sa maison, a eu le temps de remarquer qu’un des cavaliers est borgne. Un peu plus loin, la bande se heurte à un groupe de paysans. Ce sont Dansault et Goupil, qui, par des raccourcis, l’ont devancée. Goupil réclame son cheval : « Soyez tranquilles, est-il répondu ; vos chevaux ne sont pas perdus. Ces messieurs veulent faire une partie de chasse. Vous les aurez ce soir ou demain. Nous ne sommes pas des voleurs. » Et, tirant de sa poche un franc cinquante qu’il leur tend, le bandit leur enjoint de les accompagner. Un bois borde la route. Goupil s’y jette, essuie un coup de feu qui ne l’atteint pas, et se sauve. Les brigands poursuivent leur course, contournent Azay-sur-Cher, et, rencontrant à cheval l’officier de santé Boissy, demandent s’ils sont bien sur le chemin de Beauvais : « Oui, répond-il. ─ Marche devant ! ─ Je vais voir mes malades. ─ Marche ! » Ils tirent leurs sabres et le forcent à les conduire jusqu’à un petit bois précédant l’avenue qui mène au château.

Ils y pénètrent avec leurs prisonniers, font halte dans une clairière, descendent de cheval, tirent des porte-manteaux des cartouches qu’ils se distribuent, des cordes[1], des costumes d’aspect

  1. Ces cordes, selon Boissy, étaient tachées de sang. Mais aucun autre témoignage ne confirme ce dire, et il y a lieu de faire la part de l’exagération dans les témoignages de Boissy, homme d’imagination romanesque.