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des instructions envoyées de Paris[1]. C’était le plein conflit.

On ne laissait pas néanmoins de prendre les précautions propres à favoriser la découverte des coupables. Par les soins du Général Radet, un signalement des ravisseurs était expédié dans toutes les directions. Sur des indications fournies par les dossiers de police, Fouché appelait l’attention du Préfet sur un ancien officier du Régiment de Normandie, depuis peu en résidence à Tours, le citoyen Duménil, soupçonné d’avoir dirigé l’affaire, et sur quatre individus, horreur et fléau de leur pays et capables de tous les crimes, les frères Gallion, des environs de Tours, et les frères Bayle, de La Chaume près La Châtre[2]. Enfin il prescrivait de faire étroitement garder, à Beauvais comme à Paris, les domiciles du Sénateur[3], au cas probable où ses ravisseurs, frustrés dans leur espoir de trouver de l’argent, chercheraient à le faire composer et à le mettre à rançon. « Il faut, disait-il, s’entendre avec les personnes de confiance, domestiques ou autres, de Clément de Ris, même avec quelques-uns de ses amis les plus particuliers, parce qu’on peut supposer que

  1. Correspondance échangée, d’une part, entre le Ministre de la Police et les autorités civiles d’Indre-et-Loire (6, 7, 9 vendémiaire, 4 brumaire), Archives nationales ; de l’autre, entre le Général Liébert et le Ministre de la Guerre (7, 15, 19, 22 vendémiaire), Archives historiques de la Guerre.
  2. Reconnus innocents, ces cinq individus ne furent pas inquiétés.
  3. À Paris, la surveillance prescrite ne souffrit pas de difficultés. À Tours, le Général Liébert se refusa d’abord à fournir la garde demandée, « nul officier ne pouvant détacher un homme sans l’ordre de ses chefs militaires ». À la fin, il céda, vu l’urgence, aux instances du Préfet, et envoya à Beauvais un détachement armé, sous les ordres d’un sous-officier : « Il ne fera pas grand’chose, observait-il, mais Mme Clément de Ris a paru le désirer. »