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la surprise, les brigands reculeraient-ils devant un meurtre visant moins la personne que la qualité de la victime ? Oui certes, il fallait agir vite pour garder contact avec eux ; mais il fallait agir avec prudence pour ne pas compromettre la vie du prisonnier. Jamais préfet ne fut plus embarrassé. Nouveau venu dans le département, sans initiative, habitué à ne rien faire que par conseil, sur tout il s’en rapportait aux instructions reçues, et le cas n’avait pas été prévu ! Il était partagé entre la crainte, en tardant trop, d’être blâmé de son inaction, et la crainte, en précipitant les choses, de prendre des mesures désapprouvées en haut lieu.

Le plus urgent était d’aviser le gouvernement. Il dépêcha à Paris un courrier, chargé d’informer de l’événement le Ministre de la Police et le Général Radet, Inspecteur de la Gendarmerie. En même temps, il ordonnait des perquisitions dans les auberges de Tours, au cas où l’un des coupables ou de leurs complices y serait réfugié, et il convoquait à son cabinet, avec le citoyen Japhet, directeur du Jury, le Général Liébert, commandant la 22e division militaire. Celui-ci, malade, se fait remplacer par son subordonné, le Général Sisclé, qui se rend à la convocation assisté du commandant de gendarmerie Boisard[1].

  1. Entré au service en 1771 au régiment de Normandie, sergent en 1781, lieutenant à la compagnie des Gardes du Gouvernement Saumurois (1787), lieutenant de gendarmerie en résidence à Chollet (1791), colonel de dragons dans la guerre contre la Vendée (1792), chef des VI, XXII et XXVIIes légions de gendarmerie (1793-1816), retraité avec le grade de maréchal de camp, mort en 1838. De graves démêlés avec la justice civile, à propos d’une affaire d’élections, lui avaient créé, à Tours, des ennemis acharnés, entre autres le capitaine Folliau (Archives administratives de la Guerre).