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d’elles jette à bas le chapeau du Sénateur, – un chapeau rond, haut de forme, orné d’une cocarde tricolore et garni d’une ganse à petite boucle d’acier. Il crie qu’on s’arrête, qu’on le ramasse. On en a bien le temps ! La prière reste sans réponse. Il doit, tête nue sous la pluie, poursuivre la course folle. Enfin, vers trois heures du matin, l’on semble s’orienter. On atteint la Pyramide des Chartreux, et, bientôt après, l’orée de la forêt. Encore une courte chevauchée dans la campagne et le chef commande halte.

À un bruit de portes qui s’ouvrent, à une conversation à mi-voix, qui se prolonge, entre les brigands et d’autres personnes, les prisonniers comprennent qu’on est arrivé à une maison où les ravisseurs sont connus, peut-être attendus. Cette maison (l’enquête l’apprendra) est La Beaupinaie, distante de Beauvais d’environ six lieues, appartenant au citoyen Droulin de Loches, et, durant la belle saison, habitée par ses enfants, les époux Lacroix. On parlemente quelque temps et l’on repart, au pas cette fois, à travers champs. Au bout de vingt minutes, nouvel arrêt devant une nouvelle maison à laquelle on frappe. C’est le Portail, autre propriété des Droulin-Lacroix, qu’habite le fermier Jourgeon avec sa famille et ses domestiques. Derechef on parlemente. Les brigands mettent pied à terre. Les prisonniers sont invités à en faire autant, et, les yeux toujours bandés, sont conduits par le bras dans la maison, où l’on accède par un perron de trois marches[1]. Ils y restent le temps de mener les chevaux à l’écurie. Après quoi, l’on ressort et on les descend, par

  1. Déposition du chirurgien Petit, qui avait compté les marches.