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Ils possédaient, dans la région de Tréguier et de Guingamp, des biens considérables provenant, les uns de la succession du père de Mme Clément de Ris, les autres d’achats plus récents. Empêché, par ses fonctions, de s’en occuper personnellement, Clément de Ris avait passé pouvoir à un de ses anciens commis de Tréguier, nommé Le Berre. Cupide, envieux, hypocrite et sans scrupule, celui-ci vit, dans l’éloignement de son ancien patron, une occasion de pousser sa fortune. Il avait des fonds en réserve. Il songea que si les biens de Clément de Ris étaient, un jour, confisqués et vendus, il lui serait aisé et profitable de les racheter à vil prix. Il songea aussi que ce jour, à s’en remettre au hasard seul, pourrait tarder longtemps. Il était plus simple d’aider au hasard et de précipiter l’échéance. Est-on jamais mieux servi que par soi-même ?

Les propriétaires de biens-fonds, absents du département, étaient astreints, sous peine d’être réputés émigrés, à produire périodiquement au chef-lieu un certificat de résidence en France. Arrêter la production du certificat fut à quoi tendit toute la diplomatie de Le Berre. Clément de Ris négligeait-il de l’envoyer ? Le Berre oubliait de le réclamer, ou le réclamait trop tard. Clément de Ris l’envoyait-il ? Le certificat s’égarait en route, ou, s’il arrivait, ne se retrouvait pas au moment voulu, et Le Berre, qui l’avait cherché, Dieu sait combien ! n’y comprenait rien. Voilà comment, le 8 juillet 1794, Clément de Ris, qui se croyait en règle, fut informé qu’il ne l’était pas : son nom et celui de sa femme figuraient, en belle écriture, sur la liste maudite,