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des intrigues et des passions humaines. Loups pour loups, il préférait ceux qui hurlent dans les forêts, mais ne se mangent pas entre eux et ne dévorent que les moutons du propriétaire. « Puissé-je, écrivait-il, être quitte à jamais de me mêler des affaires publiques et ne plus sortir de ma chère retraite que pour respirer l’air pur des prés et des champs qui l’entourent. Ma femme, mes enfants, mes amis, nos laboureurs, nos vignerons, nos ouvriers, voilà notre univers. Du pain, de la paix, de la santé, et nous serons en paradis. Je le mérite un peu, si deux ans de purgatoire y donnent quelque droit ! » Cri d’un esprit surmené et d’une âme momentanément désabusée mais non guérie de l’ambition.

Au surplus, payer de deux années seulement de purgatoire l’éternité de pareils bonheurs serait acheter le Paradis à trop bon compte. L’avenir réservait encore à Clément de Ris sa part d’épreuves. S’il eut du pain, peu s’en fallut qu’il n’en manquât ; il ne trouva pas la paix convoitée ; il connut, après l’angoisse de disputer à la mort, jour par jour, heure par heure, des êtres chéris, l’âpre douleur de les perdre.


II

Sa sœur partit la première. Sagesse et conseil de la famille, avec elle se déchirait la dernière page du livre de sa vie d’antan. Elle mourut à Azay-sur-Cher le 15 septembre 1797. Puis ce fut le tour de sa fille, l’adorable Clémentine, créature « si fort au-dessus de l’espèce humaine qu’elle semblait un de ces phénomènes qui ne sont que