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doute la sincérité du veto opposé par le père à cette profanation ? Et, s’il ne l’a pas été, croira-t-on qu’un père, encore sous le coup de la perte d’une fille adorée, et, bientôt après, d’un fils tendrement aimé, son orgueil et sa joie, ait invoqué, pour sauver des papiers laissés, en son absence, à la merci de toutes les inquisitions, un prétexte qui eût été, à sa manière, une autre profanation ? Ici encore il faut faire à l’imagination sa part. À aucun moment, ni de l’enquête, ni des débats judiciaires, il n’a été parlé de coffret ni de cassette ; nul n’y a fait allusion ; ces mots ne figurent nulle part, sauf dans le récit de Balzac et dans celui d’A. de Beauchamp. Est-ce suffisant comme preuves ? Et n’étions-nous pas autorisés à dire qu’en cette affaire, si le Roman s’est inspiré de l’Histoire, il a trop souvent inspiré l’Histoire.


VIII

On nous pardonnera de nous être étendus si longuement, au début de cette étude, sur des points dont l’examen aurait, semble-t-il, été plus avantageusement réservé à la conclusion. Nous avons voulu, avant d’aborder l’exposé et le détail des faits, déblayer le terrain d’hypothèses, maintes fois reproduites, selon nous erronées, et plus propres à gêner qu’à servir la recherche de la vérité. Nous avons aussi voulu montrer avec quelle circonspection il faut faire usage des documents imprimés, journaux et mémoires, si souvent influencés par l’esprit de parti. Ils renseignent sur l’opinion ou les opinions du temps, ils sont de précieux instruments de contrôle, et, à ce titre,