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ses paroles, prises trop au pied de la lettre, n’ont ni la portée historique, ni la valeur documentaire qu’on leur attribue. On n’a pas assez tenu compte du luxe de précautions dont elle les enveloppe. C’est, dit-elle du début à la fin de son récit, la chronique qui parle ! Écoutons-la parler : « M. Clément de Ris était un homme d’honneur, d’âme, et possédant de rares qualités dans les temps révolutionnaires. C’était un honnête homme, un consciencieux républicain, et l’un de ceux qui, de bonne foi, s’étaient attachés à Napoléon, parce qu’ils voyaient enfin que lui seul pouvait faire aller la machine... » Mais Fouché, et un autre homme d’État, qu’elle ne nomme pas parce qu’il vit encore[1], « rêvaient l’un et l’autre de s’asseoir sur le bon fauteuil de velours rouge des Consuls », en place de Calotin (Sieyès) préféré à Talleyrand. De là la conspiration de Marengo, l’offre d’un siège à Clément de Ris, à qui ils avaient retourné l’esprit. « Et comme il faut toujours penser à tout, observe la chronique, on lui demanda de se charger des proclamations déjà imprimées, des discours, et autres choses nécessaires aux gens qui ne travaillent qu’à coups de paroles. » La nouvelle de la victoire arrive sur ces entrefaites : « Clément de Ris aurait voulu ne s’être jamais mêlé de cette affaire. Il le dit peut-être trop haut, et l’un des candidats lui parla d’une manière qui ne lui convint pas. Il s’aperçut assez à temps qu’il devait prendre des mesures défensives, s’il voulait prévenir une offense dont le résultat n’eût été rien moins que la perte de la tête. Il mit à l’abri une portion grande des papiers qui devenaient terriblement

  1. Talleyrand, mort en 1838, comme la duchesse elle-même.