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au sort dans un chapeau les noms de cinq à six patriotes les plus famés... Le sort désigna Clément de Ris. » Si cela est vrai, – et pourquoi Carré de Busserolle récuserait-il sur cet unique point le témoignage qu’il admet sur tous les autres ? – c’est la ruine de l’hypothèse faisant de Fouché l’artisan de l’attentat, et des ravisseurs les instruments de sa vengeance. Et voilà réduite à néant l’histoire des papiers gardés, et celle des papiers repris, et ce qui s’ensuit. Que reste-t-il ? une légende, que n’autorise pas ce qu’on sait de la vie de Fouché, et contre laquelle proteste ce qu’on sait de la vie de Clément de Ris. Elle n’a pour elle aucun document, ni public, ni privé, contemporain des événements.


VI

Invoquera-t-on les témoignages de Savary et de la duchesse d’Abrantès ? Ce ne sont pas des preuves. Tout au plus, – leur date l’indique, 1828 pour les Mémoires de Savary, 1831-1834 pour ceux de la duchesse d’Abrantès, – sont-ce des souvenirs, soumis, comme tout souvenir, aux altérations du temps écoulé, à l’influence des événements ultérieurs, à la suggestion des jugements de l’ambiance, aux infidélités de la mémoire, aux déformations de l’imagination ou de la passion. Chez Savary, d’ailleurs, tout se borne à quelques allusions fort vagues, fort discrètes, et aussi fort suspectes ; il était l’ennemi né de Fouché, auquel, indépendamment d’autres griefs, il gardait une dent de l’avoir berné en cette affaire.

La duchesse d’Abrantès est plus explicite. Mais