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constate, et il ajoute : « La vérité est que chacun, envisageant l’hypothèse, toujours possible, d’un accident de guerre supprimant Bonaparte, se tenait prêt à tirer, à son avantage, parti de l’événement. Seulement il est certain que les ennemis de Fouché, dans le présent et plus tard, exploitèrent contre lui l’affaire Clément de Ris, particulièrement Savary, qui y avait été joué. »

Cette conclusion sera la nôtre. Toute la correspondance reçue par Clément de Ris de 1777 à 1827 a passé sous nos yeux. Peu de lettres où il ne soit parlé de ses amis politiques. Fouché n’est mentionné dans aucune. Furent-ils en relations au temps où Fouché remplissait sa mission dans l’Ouest et où Clément de Ris présidait, à Tours, le Comité de défense contre la Vendée ? Le furent-ils au temps où Clément de Ris était à la Commission d’instruction publique relevant du Comité dont Fouché faisait partie ? La chose est possible ; mais rien ne l’indique : même il est à noter que le rôle actif de Fouché au Comité fut en 1793, et Clément de Ris n’entra qu’en juin 1794 à la Commission. Nouèrent-ils amitié après le 18 brumaire ? la chose est douteuse, car Clément de Ris fut appelé au Sénat à la requête et sur la recommandation de Sieyès, alors en mauvais termes avec Fouché, qu’il avait essayé d’écarter. Dans tous les cas, il n’existait entre eux ni cette intimité du cœur qui suscite les dévouements, ni cette parité des vues qui rapproche les esprits, ni cette communauté des intérêts, raison d’être des coalitions. Donc, que Fouché eût conçu son projet de triumvirat, quel motif eût-il eu d’y associer un personnage aussi effacé que le Clément de Ris d’alors ?