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d’autant plus impérieux qu’il s’agissait pour eux de vie ou de mort, et que l’arrêt était sans appel. On n’avait pas, en l’époque, le même respect de la vie humaine que nous avons ; on ne comprenait pas ce que nous comprenons. Déplorons-le, et félicitons-nous que les choses aient changé, comme les temps eux-mêmes ont changé. Mais, quelques sévères appréciations que notre intelligence, plus ouverte à ces graves questions, nous invite à porter, au nom de la morale et du droit, sur le jugement rendu par les juges de 1801, ne poussons pas l’amour paradoxal de la rédemption jusqu’à déclarer innocents ceux dont un impartial et consciencieux examen de faits actuellement connus, actuellement prouvés, atteste la participation à l’enlèvement et à la séquestration de la victime.

Sans revenir sur les déclarations des époux Lacroix, sur les dénonciations de Gondé, sur l’accord des témoins les plus qualifiés à reconnaître les inculpés, sur maints faits accessoires examinés au cours de cette étude, peut-on nier qu’à ces preuves s’ajoutent, contre Gaudin, de Canchy et de Mauduison, et les efforts tentés pour acheter la conscience des juges, et le silence gardé, sous la Restauration, par les familles des condamnés sur une affaire dont il appartenait à eux et à leurs amis de demander la révision. Les royalistes avaient le pouvoir ; les réclamations, même les moins justifiées, trouvaient faveur ; l’heure, l’opinion étaient aux représailles ; quelle occasion de poursuivre la réhabilitation de ceux qu’ils disaient injustement poursuivis, injustement condamnés ! Et ils se sont tus ? Il y a plus. L’aveu