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peut advenir ?) aurait conservé une partie du dépôt, et, depuis lors, refusé de le rendre.

Ainsi tout s’expliquait, tout devenait clair. Désireux de rentrer en possession de papiers si compromettants (il semble qu’ils devaient l’être pour Clément de Ris autant que pour Fouché !) le Ministre avait machiné cette intrigue, envoyé des gens à sa dévotion pour reprendre les papiers, et, par une séquestration plus terrifiante que dommageable, enseigner au Sénateur l’inconvénient des abus de confiance. Le reste était comédie. Comédie la chasse aux coupables ! Comédie la mise en scène de la délivrance ! Comédie l’enquête judiciaire, – et c’est pourquoi Fouché avait voulu la conduire en personne. Comédie alors le jugement ? et l’arrêt ? et l’exécution de condamnés dont l’innocence, au moins de ce chef, était manifeste ? Non ! sombre drame ! cette fois le Ministre avait eu la main forcée par le Premier Consul, dont l’attentat de nivôse avait porté l’irritation au comble. L’enlèvement de Clément de Ris était le fait des chouans ? Il fallait trouver les coupables : il y allait de la situation du Ministre. Plus de pitié à ces incorrigibles conspirateurs, pour qui l’amnistie n’était qu’un répit profitable à l’élaboration de nouveaux complots ! L’abstention du Sénateur aux débats avait ainsi son explication naturelle. – Comparaître eût été témoigner, sous la foi du serment, que les inculpés n’étaient pas les coupables ; c’eût été découvrir Fouché, se découvrir soi-même, risquer la perte de sa place, la perte de sa liberté, et, peut-être, de sa tête...