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enfants, venus au monde pendant leur détention, adoucit pour eux les tristesses de la captivité. À sa sortie de prison, ruinée par les frais du procès, elle trouva, dans la générosité de quelques royalistes, de quoi faire face aux premières nécessités et se préparer un avenir meilleur. Seule une crainte troublait sa quiétude. Exposée à rencontrer des amis de Clément de Ris et le Sénateur lui-même, quelle serait sa contenance ? Si on la questionnait sur le passé, que devait-elle dire, et, surtout, que devait-elle taire ? Il était prudent d’avoir les conseils du Ministre de la Police. Elle demanda une audience, n’obtint pas réponse, et revint à la charge, comme le montre une lettre adressée à Fouché le 29 janvier 1808 :

  « Monseigneur,

» Je me trouve obligée de renouveler à votre Excellence la demande d’un instant d’audience, et de la renouveler avec la plus vive instance. Forcée de voir des amis de M. Clément de Ris, je n’ose souvent répondre à toutes les questions qui me sont faites sur cette malheureuse affaire. Ne pouvant éviter de me trouver bientôt avec M. Clément de Ris lui-même, je désirerais vous entretenir avant cette entrevue, que je ne puis ni refuser ni accepter avant de savoir vos intentions. Je prie votre Excellence de me les faire savoir et de me tirer de l’inquiétude où je suis sur la conduite que je dois tenir avec les différentes personnes avec lesquelles je suis obligée de me trouver[1]. »

Mme  Lacroix n’avait pas à redouter les questions

  1. Archives nationales, F7 6265.