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d’officier de santé, comme quoi le port d’yeux artificiels lui était impossible ? Mais on en avait retrouvé chez lui ! Et, d’ailleurs, le fait de paraître susceptible d’en porter dépend, le plus souvent, de la volonté du porteur.

Entre-temps, il malmena fortement Carlos Sourdat, défenseur complaisant des époux Lacroix. Qu’était-il ? L’aide de camp de Bourmont, chef des brigands qui avaient désolé la contrée. Si le Ministre l’avait pris comme intermédiaire, c’est que le crime avait été commis par d’autres brigands, peut-être par Bourmont lui-même[1], et, pour trouver le Sénateur, il fallait faire agir ceux qui en étaient ou les moteurs ou les confidents. Si la volonté chouannique n’avait pas donné l’impulsion à Lacroix et à sa femme, ils n’auraient jamais parlé.

À cela près qu’il demanda pour la femme Lacroix vingt-deux ans de fers au lieu de vingt-quatre, et autant pour le mari, contre qui, à Tours, la peine de mort avait été requise, ses conclusions furent identiques à celles du Commissaire du Gouvernement près le Tribunal spécial d’Indre-et-Loire.

Pendant ce réquisitoire, dont la lecture[2] dura près de cinq heures, de Canchy ne cessait de hausser les épaules ; de Mauduison s’irritait et s’indignait tour à tour ; Gaudin demandait pourquoi l’on n’inculpait pas tous les borgnes de la province ; les Lacroix souriaient ; l’auditoire manifestait en faveur des accusés. Quand il ouït les conclusions, il éclata en protestations bruyantes,

  1. C’est à l’occasion de cette attaque que Bourmont écrivit le Mémoire dont il a été et sera encore plus loin parlé.
  2. Le Commissaire du Gouvernement avait écrit son réquisitoire.