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le trajet de Beauvais au Portail et son séjour dans le souterrain, un bandeau lui couvrait les yeux, il avait eu la vue libre lors du pillage de son cabinet et quand on le conduisait à sa voiture ; il avait vu ses ravisseurs ; il pouvait les reconnaître ! Invité par Me Bernazais à s’expliquer sur ce point, le Commissaire du Gouvernement lut une lettre de son collègue du Tribunal de la Seine : le témoin se retranchait, pour ne pas comparaître, derrière ses fonctions de Sénateur. La défense fit, sur cette lettre et sur ce motif, les réserves que de droit, et il fut passé outre aux débats.

Lemesnager, Leclerc, de Canchy, de Mauduison, Aubereau et Gaudin, considérés comme les six agents principaux de l’attentat, étaient accusés d’enlèvement à main armée avec menace de mort, de vol et de séquestration ; Lacroix et sa femme, de complicité dans les mêmes crimes ; les époux Jourgeon, de séquestration arbitraire. Ceux-ci avouaient et se retranchaient derrière l’ordre reçu de leurs maîtres ; les Lacroix prétendaient avoir agi sous la contrainte des brigands et par désir de sauver les jours de la victime ; les autres niaient et invoquaient l’alibi.

L’audition des témoins occupa les audiences du 27 au 29. Après un jour de suspension, le Commissaire du Gouvernement prononça son réquisitoire. Autant il s’y montra favorable à Leclerc, Lemesnager et Aubereau, dont les alibis méritaient créance, autant il fut énergique à requérir contre de Canchy, de Mauduison et Gaudin ; il n’y avait aucune confiance à accorder à leurs témoins, gens, pour la plupart, d’une honorabilité équivoque, et dont la situation permettait