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jours à Tours, écrit, à la date du 9 germinal, un correspondant de Clément de Ris[1], et j’ai pu voir combien les honnêtes gens[2] s’y apitoyaient sur le sort des brigands qui t’ont pillé et maltraité. Cependant j’ai pu me convaincre aussi que le plus grand nombre des citoyens est révolté de cet apitoiement. Espérons qu’un bon tribunal fera justice, et qu’on n’aura pas à gémir de l’impunité. »

À Blois, l’émotion n’était pas moindre : « Il n’est pas de calomnies, d’hypocrisies, de fureurs que la foule des royalistes qui empoisonnent cette ville et le voisinage ne déploient contre tout ce qui est républicain, lisons-nous dans une lettre de l’ex-conventionnel Grégoire[3]. Aussi c’est en cette qualité de républicain que ces brigands ont levé contre vous les poignards. » On attendait anxieusement l’arrêt concernant Lemesnager. Le préfet de Loir-et-Cher, sollicité par lui de venir témoigner au procès, demandait au Ministre des instructions[4] : « Il n’y a personne ici, ajoutait-il, qui ne soit persuadé de l’innocence de Lemesnager, car il n’y a personne qui n’ait vu quelques-uns des nombreux témoins qui déposent de son alibi. Divers maires et d’autres citoyens se sont trouvés avec lui, le jour et à l’heure de l’enlèvement, à dix-huit lieues de Beauvais. »

Il importait de réagir contre ces impressions et de se prémunir contre cette pression de l’opinion.

  1. Lettre de Gouïneau, de Bléré, membre du conseil d’arrondissement. Correspondance privée de Clément de Ris.
  2. Entendez les royalistes et leurs partisans.
  3. Lettre à Clément de Ris (9 floréal). Correspondance privée de Clément de Ris.
  4. Lettre du 14 messidor. « Le Préfet n’a pas à se déranger, fut-il répondu ; sa déposition écrite a toute valeur. »