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les suites moins redoutables pour les inculpés.

Internés d’abord à Chartres, ceux-ci furent, le 14 pluviôse, transférés à Tours, avec invitation au Préfet de les retenir en prison au cas où ils seraient acquittés dans l’affaire du Sénateur. De plus en plus la politique pénétrait la Justice.

Interrogés le 19, ils déclarèrent n’avoir connu le motif de leur arrestation que par le libellé de l’écrou ; de Canchy ignorait l’existence de la commune d’Azay-sur-Cher et celle de Clément de Ris lui-même, qu’il ne savait pas avoir été enlevé ; de Mauduison n’était jamais venu en Indre-et-Loire et n’avait appris l’enlèvement que par les gazettes. On les mit en présence des témoins[1]. Huit d’entre eux reconnurent en de Canchy l’homme roux qui avait envahi les appartements avec le chef et brisé les pistolets sur le rebord de la fenêtre ; d’autres l’avaient vu dans les rues de Tours en compagnie de Gaudin et de de Mauduison. Ce dernier fut reconnu par Goupil comme celui qui avait tiré sur lui, par Blondeau, Métayer et Créhelleau, comme celui qui gardait les portes. D’autres furent moins affirmatifs ; la distance où ils étaient ne leur permettait pas de distinguer les traits. D’autres enfin ne reconnaissaient pas. L’ensemble des charges fut néanmoins accablant pour les accusés.

Ceux-ci, pour leur défense, invoquèrent des alibis. Ils en invoquèrent trop. Le même jour (1er vendémiaire) ils avaient, sur les dix heures du matin, acheté du foin à Bonneval[2] ; à trois heures, dîné à Verdes (30 kilomètres de Bonneval),

  1. Le 23 pluviôse et jours suivants.
  2. Témoignage de Heurtault, aubergiste à Bonneval.